A l'origine, il y avait deux hommes

S'il fallait se limiter à deux pour citer les fondateurs de l'union européenne, la plupart d'entre nous nommerait Robert Schuman et Jean Monnet. D'autres, avant eux, avaient eu cette idée folle d'un continent en paix mais il fallait une bonne dose de courage, de foi en l'Homme et d'enthousiasme pour proclamer, cinq ans après la victoire des alliés, cette ambition d'une Europe unie.

Rappelons-nous : le fracas des armes s'était à peine affaibli, les ruines n'étaient pas couvertes par la reconstruction, la douleur des survivants était bien vive et le souvenir des morts n'avait pas encore besoin d'être ranimé et c'est le 9 mai 1950 que l'idée fut lancée.

Robert SCHUMAN est né le 29 juin 1886, allemand parce que son père avait dû prendre cette nationalité après l'annexion de 1871. Il passa donc son Abitur (bac allemand) en 1904 à Metz, alors ville allemande. En novembre 1918, l'Alsace-Lorraine fête son retour à la France et Robert Schuman entre au Parlement français comme député de Moselle.

En 1939, la Seconde Guerre Mondiale éclate et Robert Schuman se retrouve Sous-Secrétaire d'Etat pour les Réfugiés. Il est arrêté par la Gestapo mais s'évade en août 1942 pour passer en zone libre en se cachant dans plusieurs couvents. On le retrouve Président du Conseil MRP (chef du gouvernement) en 1947, puis Ministre des Affaires étrangères (1948-1952). Durant cette période, il prononce son discours du 9 mai.

Robert Schuman est le premier Président du Parlement Européen. Il meurt à 77 ans. Sa béatification par l'Eglise catholique est en cours d'instruction.

Jean MONNET  est né le 9 novembre 1988 à Cognac d'une famille de négociant en cognac. Il arrête ses études avant son premier baccalauréat et entre dans l'entreprise du père. A 18 ans, il s'installe à Londres et voyage plusieurs fois en Amérique pour les besoins des affaires.

En 1914, il est réformé et, âgé de 26 ans, propose au gouvernement de créer un pool maritime franco-anglais pour optimiser les transports de vivres, munitions et matières premières. Il devient haut-fonctionnaire inter-allié. En 1919, il s'intéresse à la création de la Société des Nations et est nommé N° 2 de l'organisation pour la paix.

Dès le début de la Seconde Guerre Mondiale, Jean Monnet propose à Churchill une fusion immédiate entre la France et le Royaume-Uni avec une seule armée et un seul parlement (Anglo-French unity). Mais Pétain devient Président du Conseil et accepte la défaite de la France. Les relations de Monnet avec de Gaulle se dégradent mais ils restent persuadés que seule l'entrée en guerre des USA peut amener la victoire finale.

Jean Monnet contribue fortement à coordonner l'effort de guerre des alliés. De 1945 à 1952, il est chargé de relancer l'économie en tant que Commissaire au Plan. Il étudie la mise en commun du charbon et de l'acier entre la France et l'Allemagne, présente cette idée à Robert Schuman qui, après l'accord du Chancelier Konrad Adenauer, invite tous les pays intéressés à poser "les premières bases concrêtes d'une fédération européenne".

En 1951, six pays signent le traité de la CECA et Jean Monnet devient le premier Président de la Haute Autorité qui dirige cette première communauté européenne.

Comments

[Jean Sanspeur]

Je me souviens très bien de nos emplettes faites à Kehl. Il s'agissait de biens d'usage courant, très souvent moins cher qu'en France; ça pouvait aussi être un plein d'essence; rarement un appareil photo ou un petit transistor. Mais chaque le passage à la douane était un moment stressant : "vos papiers, qu'est ce que vous ramenez, combien avez-vous d'argent sur vous ?"
Quelle tension et 100 m plus loin un "ouf de soulagement".
60 ans plus tard, les échanges sont quotidiens et libres. Le "Marché Commun" est une évidence.